mercredi 28 janvier 2009

Importation de bovins au brésil

La confédération paysanne "encorne" le ministre de l'Élevage
La Confédération Paysanne du Sénégal n'accrédite pas la procédure utilisée par le ministère de l'Elevage pour moderniser ce secteur important de l'économie nationale. Son président, Abdoulaye Arona Kâ, adéclaré que le coût des importations de bovins "est une insulte à la science et à la biotechnologie". Mais c'est surtout de leur non-implication que les éleveurs s'insurgent.

Madame Oumy Khairy Guèye Seck, ministre de l'Elevage, ne s'était pas concertée avec les organisations paysannes avant d'importer des zébus bovins du Brésil. Ce sont les éleveurs, à travers le président de la Confédération Paysanne, Abdoulaye Arona Ka, qui le disent et fustigent la démarche du ministre, arguant qu'au cours de la journée de concertation tenue à Dakar, le lundi 03 avril 2006, sur l'élevage, les éleveurs avaient demandé que leur ministère les implique dans les décisions concernant les projets du secteur, dans la mesure où ils en sont les vrais acteurs.
Or pour le président de la Confédération Paysanne, cette demande semble n'avoir pas été prise en considération par le ministre qui,rappelle-t-il, "a investi plus de 200 millions de nos francs pour faire venir du Brésil une cargaison de 120 zébus bovins par un vol d'Air France." C'était le vendredi 21 avril dernier. Sans mâcher ses mots, M. K a déclare que
cette démarche du ministre pour moderniser l'élevage "est une tentative de maquiller les dessous soupçonneux de son ministère." Et d'ajouter que, "Importer des bêtes sur pied dans le contexte du troisième millénaire est une insulte à la recherche, à la science et à la biotechnologie."
Pour le président de la Confédération paysanne, "les autorités auraient mieux fait d'importer de la semence à inséminer à nos vaches pour la diversification des races", dit-il, en prévenant qu'il faut tirer la sonnette d'alarme. Rappelons que la confédération paysanne compte plus de 20 organisations de producteurs différents, et à en croire les propos de son président, toutes ces organisations devaient être impliquées dans cette initiative d'autant plus que, selon M. Ka, "cette importation de zébus entre dans le cadre du programme agricole 2005/2006".
Mais le courroux du président de la confédération paysanne semble porter surtout sur la politique tel que menée par le ministère de l'Elevage car, révèle M. Ka, "depuis deux ans déjà, les éleveurs membres des principales organisations faîtières ne savent pas ce qui se trame au niveau du ministère de l'élevage." Une situation "grave" selon lui, dans la mesure où "l'État n'a pas de poulailler, pas de chèvres ni de moutons, il n'a que la mission régalienne." Ainsi, "si le ministère de l'Elevage doit confectionner un programme il doit convoquer les acteurs, les producteurs autour d'une table pour essayer de faire ensemble un programme", a encore dit M. Ka qui, au nom de son organisation, déclare en outre que "ce n'est pas de cette manière qu'on peut développer l'élevage au Sénégal."
Aussi, les zébus en question étant déjà sur place, le président de la Confédération Paysanne du Sénégal estime tout de même que pour ce qui concerne la livraison des bovins aux éleveurs à des prix subventionnés après la phase d'acclimatation, "les conséquences seront ressenties d'ici à deux ans, car il n'y a aucun éleveur qui peut payer une vache à 1 million ou 700 000 francs, même si c'est subventionné." Selon lui, les vaches locales sont extraordinaires et les taureaux sont assez souvent vendus à 600 000 francs CFA l'unité. Dès lors, M. Ka suggère, entre autres, que le ministère de l'Elevage aurait pu monter un projet dénommé "une femme, une vache ".
Or, les 200 millions de francs dépensés pour l'importation des zébus, pouvaient être utilisés par exemple en inséminant une vache, pour chaque femme en milieu rural tout en subventionnant les aliments de bétail, en donnant 2,5 tonnes à chaque femme. "Cette stratégie est plus efficace pour moderniser l'élevage et elle aurait été moins coûteuse", croit en substance et fermement Abdoulaye A. Ka.

Article de : Chérif FAYE, Sud Quotidien - 12.05.2006
Revue de presse n° 261

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