dimanche 1 février 2009

GROS NUAGES SUR LA CAMPAGNE ARACHIDIERE : Les banques refusent de décaisser 23,5 milliards.


Les banques traditionnelles, intervenant dans la mise en place des financements pour la campagne de commercialisation de l’arachide, refusent de soutenir l’Etat. Elles n’ont pas confiance. Pour le plus grand désarroi du monde rural

Le monde rural ne verrait pas de sitôt le bout tunnel. Du moins, si l’on en croit les informations, contradictoires, sur le casse-tête du financement de la campagne agricole 2008. Une réunion entre le gouvernement et des banques, tenue mardi en toute discrétion, n’a pas permis de décanter la situation. Le pool des banques (environ Cinq) intervenant dans le montage financier de la campagne de commercialisation de l’arachide n’a pas accepté de délier les bourses, selon des sources bancaires concordantes. L’une d’elles relève qu’une des banques n’est pas partante cette année, elle s’est retirée du groupe traditionnel de financiers composé presqu’en majorité des plus grandes du pays.
Pourtant, le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances soutient le contraire. « Les banques ont accepté de nous accompagner » dans la mobilisation des financements, confie Abdoulaye Diop. Il confirme au passage avoir, ledit jour, « reçu les banques » à cet effet. M. Diop pense que la situation va être débloquée sitôt franchi le stade des « procédures un peu longue au niveau » des banques.
De fait, l’Etat peine à boucler le budget total évalué à 28,5 milliards francs Cfa, nécessaire au déroulement normal de la campagne. Il reste, en réalité, à mobiliser près de 4/5ème des besoins. Juste cinq milliards ont jusque-là pu être injectés dans le circuit de commercialisation, permettant « un démarrage timide », reconnaît Abdoulaye Diop. Il a estimé que la campagne de commercialisation va monter en puissance dès que le reste des financements, estimé à 23,5 milliards seront disponibles.
Le contexte inclinerait cependant à moins d’optimisme. Caution de Suneor après des banques, l’Etat est empêtré dans une crise économique marquée par des tensions de trésorerie aigüe. Et, pour l’heure, deux mois après le lancement de la campagne de commercialisation de l’arachide, seuls 200 points de collecte sur près de 1500 de prévus fonctionne à travers le pays, accuse le Parti socialiste (Ps). De plus, l’Etat et les producteurs, sous la houlette du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), ne s’accordent pas sur le prix de vente du kilogramme d’arachide. Alors que le gouvernement propose un plafond de 165 Fcfa le kg, les agriculteurs estiment le prix de revient à 191 Fcfa. Ils craignent une perte de l’ordre 26 Fcfa le kg.
Le pouvoir n’inspire d’autant pas confiance au milieu financier qu’autour de la société des oléagineux, privatisée en mars 2005, « il y a toute une nébuleuse », confie un interlocuteur du secteur bancaire qui a pris part à la dernière rencontre avec le gouvernement. Il ajoute que « c’est un ensemble de problèmes juxtaposés» qui a installé le pays dans un cercle vicieux préjudiciable à toute l’économie : opérateurs agricoles bloqués, paysans dans l’expectative ou obligé de brader leurs récoltes au moins offrants sur le marché parallèle, Suneor brassant du vide. C’est à ce point inquiétant que l’hivernage 2009 s’approche à grand pas.
De l’avis d’un expert financier, qui a requis l’anonymat, une campagne agricole (y compris le volet commercial) se prépare en février-mars l’année en cours, soit bien avant le début des pluies. La pratique au bon vieux temps consiste à faire des prévisions, et à chercher en conséquence les financements, d’abord sur le marché interne, à défaut sur la place de Londres. « C’étaient des centaines de milliards qui étaient injectés dans la campagne agricole », fait savoir notre interlocuteur. A côté, les prévisions de financement de 2008 sont insignifiantes. Et dire que s’y ajoutent de grands obstacles pour les réunir…

Source:L'Observateur

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