dimanche 1 février 2009
Commercialisation de l'arachide 2005-2006 : Invendus et bons impayés gâchent le bilan
SENEGAL - La campagne de la commercialisation de l’arachide 2005-2006 qui vient de s’achever, n’a pas fait exception aux précédentes campagnes. Comme par le passé, elle a laissé beaucoup d’invendus et de bons impayés. Ce qui frustre les organisations paysannes dont les responsables en tirent un bilan catastrophique, c’est-à-dire un échec. Trésorier général de la Confédération paysanne du Sénégal, M. Madione Sow en fait partie. ‘La campagne écoulée a été un échec dans la mesure où les paysans ont des problèmes pour écouler leurs productions. Jusqu’au moment où je vous parle, je connais des paysans qui n’ont encore même pas vu la couleur de leur argent. Ils courent derrière les usines ou des gens pour reprendre leurs arachides ‘, rapporte-t-il.
Des propos confirmés par le secrétaire général du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr). ‘Il faut noter qu’il y a eu au début une impréparation de la campagne. A savoir que l’Etat aurait dû mettre toutes les conditions ou pousser la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos) et la Novasen à mettre toutes les conditions nécessaires pour le démarrage d’une bonne campagne. La campagne a été ouverte sans que le matériel de collecte ne soit mis en place, sans qu’on ne connaisse tous ceux qui devraient intervenir comme collecteurs de l’arachide et sans que les financements nécessaires pour acheter les graines ne soient bouclés ‘, déplore M. Babou Ngom. Ce qui, selon lui, a fait que les gens ont été obligés, à un moment donné, d’aller déposer leurs graines au niveau des points de collecte et disposer de bons provisoires.
D’après le secrétaire général du Cncr, il y a d’autres qui n’ont pas voulu déposer leurs graines et de ce fait disposent entre leurs mains de l’arachide. Une troisième catégorie est allée au niveau des loumas (marchés hebdomadaires) pour vendre leurs graines à vil prix, selon lui. Ce qui l’amène à affirmer que le bilan de la campagne de commercialisation de l’arachide écoulée n’est pas bon pour les producteurs.
Pour régler ce problème, Babou Ngom invite l’Etat à mettre la pression sur les gens qui avaient pris l’engagement, en reprenant la Sonacos, d’acheter toutes les graines. ‘Il n’est pas normal qu’on privatise au bénéfice de quelqu’un, et que ce dernier décide de prendre 200 000 tonnes et s’en fiche du reste. Ça, ce n’est pas correcte. Qui va prendre les graines invendues ?’, s’interroge-t-il.
Et les conséquences qui peuvent découler de cette mévente risque de coûter cher à la campagne future. Le secrétaire général du Cncr s’en explique. ‘Si vous n’avez pas vendu, vous n’avez pas d’argent, comment vous allez acheter de l’engrais, du matériel et des semences ? Cela va poser un problème ‘, prédit-il. Et c’est dans cet état d’esprit que, souligne-t-il, les paysans préparent la nouvelle campagne de commercialisation de l’arachide. La réussite de celle-ci est soumise à beaucoup de conditionnalités. Babou Ngom s’en est convaincu. ‘Si des semences de qualité et les autres intrants parviennent aux paysans à temps et à des prix abordables, si les paysans disposent des moyens pour acheter, si les paysans sont rassurés qu’en produisant ils pourront vendre, et si le bon Dieu nous apporte sa pluie, nous aurons une chance d’avoir une bonne campagne de commercialisation de l’arachide’, conclut-il.
Ndakhté
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