vendredi 6 mars 2009
Barnier redistribue un milliard d'aides aux éleveurs, aux dépens des grands céréaliers
Michel Barnier veut donner à la PAC «une orientation écologiquement responsable et économiquement plus juste».
Le ministre donne une coloration «verte» au réaménagement de la PAC.
Toucher aux revenus des céréaliers (environ 47 000 euros par an en moyenne), pour en redistribuer une partie aux éleveurs, qui gagnent seulement 10 600 euros. Alors que ses prédécesseurs avaient botté en touche, Michel Barnier a décidé que le pas serait franchi dès 2010, en anticipation du réaménagement de la politique agricole commune (PAC) de 2013. Au total, 1,4 milliard d'euros d'aides directes seront redistribuées : celles du «premier pilier», c'est-à-dire 18 % de l'ensemble des aides directes.
«J'ai voulu donner à la PAC une orientation écologiquement responsable et économiquement plus juste», dit le ministre de l'Agriculture.
Principale nouveauté : la création d'une prime (DPU) à l'herbe, soit «700 millions supplémentaires pour l'élevage qui a vu ses revenus baisser de 50 % en deux ans», explique Michel Barnier. La plus grosse partie (580 millions d'euros) provient d'une réduction des aides aux grandes cultures, le solde (soit 120 millions) d'une partie de la prime à la vache allaitante. En outre, toujours pour les éleveurs, une aide indirecte («deuxième pilier»), la prime à l'herbe agro-environnementale (PHAE), sera revalorisée de 240 millions. À cela, il faut ajouter une aide au fourrage de 30 millions d'euros. Au total, l'élevage va toucher près d'un milliard d'aides. «Même s'il y a un mieux, nous sommes à mi-chemin de ce que nous voulions», explique Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine. Il faut encore ajouter, au titre des productions fragiles, 160 millions pour les élevages ovins et caprins.
Une assurance récolte
Autre changement, qui concerne lui tous les agriculteurs : la création d'une assurance récolte à hauteur de 100 millions et d'un fonds sanitaire de 40 millions d'euros. Enfin, le bio n'a pas été oublié avec 60 millions et 40 millions pour la culture de protéines végétales comme la luzerne.
La réaction la plus satisfaite est venue de la Confédération paysanne, pourtant classée à gauche. «Le soutien aux éleveurs ovins est réellement au rendez-vous, confie Régis Hochart, secrétaire national du deuxième syndicat français.
Nous sommes contents aussi de la création du DPU à l'herbe et du renforcement des indemnités compensatoires de handicap naturel des zones de montagne.»
Jean-Michel Lemétayer, président de la toute-puissante FNSEA, est plus embarrassé, à cause de ses adhérents céréaliers. Le rééquilibrage des revenus va «dans le bon sens» mais, prévient-il, «cela passera si les cours du blé sont au-dessus de 150 euros en 2010. Sinon il faudra revoir ce réaménagement». Aussi demande-t-il une clause de rendez-vous en octobre 2010. D'ici là, le ministre de l'Agriculture aura changé. Jean-Michel Lemétayer sera toujours en place.
Source AFP
Éric de La Chesnais, 23/02/2009
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