lundi 30 mars 2009

Barack Obama crée un forum de négocations sur le climat [ 30/03/2009 - 11h19 ]



Le timing de l’annonce est parfait. Samedi, la veille du démarrage des négociations internationales sur le changement climatique qui se tiennent traditionnellement à Bonn au printemps, le président américain Barack Obama a proposé la création d’un « forum de l’énergie et du climat ». Ce processus de discussions informelles entre les 17 grandes économies se tiendra fin avril à Washington et en juillet, en marge du sommet du G8 à La Maddalena en Italie. Ce forum doit servir à « faciliter un dialogue franc entre les plus grands pays développés et en développement, aider à créer les conditions politiques nécessaires pour parvenir à un résultat lors des négociations sur le changement climatique à l’ONU qui doit se réunir en décembre à Copenhague », affirme la Maison-Blanche. Les pays invités sont notamment l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, l’Union européenne, la France, l’Allemagne, l’Inde, le Japon, la Russie, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni. Le président américain reprend le format des « réunions des grands émetteurs », créé par George W. Bush, mais qui n’avaient débouché sur rien de concret, si ce n’est de faciliter les rencontres entre Occidentaux et grands pays en développement.

2.000 négociateurs à Bonn
Si l’annonce d’Obama n’est pas soupçonnée d’être un moyen détourné de miner les discussions internationales sur le climat, les 2.000 négociateurs qui ont commencé à discuter hier à Bonn sous l’égide des Nations unies attendent de voir les propositions américaines. Le président des Etats-Unis a évoqué une réduction des émissions américaines de 14 % d’ici à 2020, mais avec un point de départ en 2005 après des années d’inaction. L’Europe a promis un recul de 30 % si le futur accord international est jugé satisfaisant et s’est engagée à une réduction de 20 % quoi qu’il arrive. Todd Stern, l’envoyé spécial sur le climat nommé par Hillary Clinton, a affirmé vendredi que son pays ne souhaite pas renouveler l’expérience du protocole de Kyoto. « Nous avons signé un accord que nous n’avons pas été en mesure de faire accepter une fois de retour. Nous voulons un accord qui soit une combinaison de science et de pragmatisme », a affirmé celui qui fut un des négociateurs du protocole de Kyoto. Un des enjeux des discussions qui dureront jusqu’au 8 avril sera de savoir si l’effort américain est « comparable » avec celui envisagé par les autres pays occidentaux. L’Europe estime qu’un objectif de 30 % de réduction lui coûterait 1 % de PIB et certains considèrent que les annonces américaines ne vont pas assez loin, rappelant que les scientifiques souhaitent une baisse de 20 à 40 % d’ici à 2020 pour les pays occidentaux. Le deuxième point porte sur l’engagement des pays en développement. Un groupe de travail spécial sur « l’action coopérative de long terme », dirigé par Michael Zammit Cutajar, a été créé pour rapprocher les points de vue. Un texte présenté aux délégués montre que l’idée de créer un registre des ambitions de chacun semble gagner du terrain surtout s’il est couplé avec des mesures de soutien par les Occidentaux. Certains pays ont proposé des mécanismes de convergence sur la base des émissions par habitant, où bien en fonction du total des pollutions causées depuis la révolution industrielle.

JULIE CHAUVEAU, Les Echos




Les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique
Le protocole de Kyoto. Ratifié par les nations industrialisées, à l’exception des Etats-Unis, il prévoit une baisse des émissions de 5 % entre 2008 et 2012 par rapport à 1990. L’enjeu des négociations est de fixer un objectif à moyen terme (2020) et à long terme (2050). Le groupe des Huit s’est accordé sur un recul de 50 % d’ici à 2050.
Les Etats-Unis. Obama s’est exprimé en faveur d’une baisse de 14 % d’ici à 2020 et de 80 % d’ici à 2050. Son allié canadien propose - 20 % par rapport à 2006, et a évoqué une baisse de 60 à 70 % d’ici à 2050 par rapport à 2006.
Le Japon et la Russie. Aucun plan chiffré pour 2020 jusqu’à maintenant. L’opposition japonaise a promis une baisse de 25 % en 2020 si elle gagne les élections d’octobre prochain.
La Chine. Le protocole de Kyoto ne fixe aucune contrainte aux pays en développement. Le plan chinois 2006-2010 prévoit une baisse de 20 % de l’énergie consommée pour chaque unité de PIB.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire