dimanche 8 mars 2009

BIOCARBURANTS - Culture du jatropha :


Opportunité nouvelle pour le Sénégal

Il n’y a pas de concurrence entre la culture du jatropha et les cultures alimentaires. L’Afrique en général et le Sénégal en particulier, ont suffisamment de terres pour ce genre de cultures.
Le Sénégal a un programme national de biocarburants, dirigé par le chercheur de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), M. Samba Ndiaye. Présent hier à la Chambre de commerce, il a fait savoir que ce programme «va chercher dans les cinq prochaines années à obtenir 35 mille ha de jatropha». Soit mille par communauté rurale. «Le programme, qui va se focaliser sur le jatropha, va permettre de valoriser les terres non arables. Il y a un million d’ha de terres salées délaissées. Une partie de ces terres peut être valorisée pour les biocarburants. Il y a des espèces comme le soump, qui sont sous-exploités dans le nord, et qu’on peut utiliser. Les biocarburants sont une opportunité. C’est une nouvelle filière agricole.»

Les acteurs de cette culture seront les agriculteurs, et la sensibilisation a commencé, a fait savoir le directeur de l’Isra, M. Macoumba Diouf. Il soutient que «le Sénégal a fini de faire le tour de la question et de rendre la filière compétitive. Le président de la République a soutenu qu’aucune goutte, aucune graine ne sortira de ce pays avant que les besoins du pays ne soient couverts. Les investisseurs doivent signer des contrats avec les présidents de communautés rurales pour l’utilisation des terres. 321 000 ha sont prévues pour 1 milliard 190 millions de litres de jatropha. C’est l’objectif du programme.»

Malgré ces fortes ambitions, le programme n’a, durant l’année 2007-2008, planté que 600 ha à travers ses services techniques, dans les différentes zones écologiques. «Il y a eu des problèmes de plants. Mais cette année, il est prévu 65 000 plants dans les villages», annonce M. Diouf.

Pour réussir ce programme de biocarburants, «il faut réglementer l’environnement qui doit être favorable à l’investisseur». Mais on ne peut parler de culture sans parler de transformation. Cette dernière se fera aux niveaux industriel, semi-industriel voire même artisanal. L’Etat a mis en place 50 mini-raffineries importés de l’Inde à titre de démonstration. Le matériel est donné gratuitement aux opérateurs, informe le directeur de l’Isra.

Toutes ces informations étaient données avant-hier, au cours d’un mini-forum organisé par l’Ancar, à la Chambre de commerce, et qui portait sur la crise alimentaire, couplée à la crise énérgétique. Ainsi, le directeur général de l’Ancar, M. Chérif Salif Sy a traité du thème portant sur «Les biocarburants, est-ce une chance pour l’Afrique ?» M. Sy a souligné que les biocarburants «ce n’est pas nouveau. Les noms ont évolué. Ils ont donné éthanol biocarburants, bio diesel, bio gaz. L’option est faite de plus en plus, de dire agrocarburant. Et les substances cancérigènes sont limitées». Et le jatropha qui est la plante par excellence au Sénégal, peut être utilisé comme insecticide. Le gaz carbonique est nul. Il ne contient pas de soufre. Il limite les effets de serre et améliore la balance commerciale des pays producteurs.

L’utilisation de ces produits est justifiée dans certains pays par des problèmes identifiés par les Etats-Unis, le Brésil et d’autres pays. Ils ont pour noms : hausse du prix du baril de pétrole, limite des gaz à effet de serre, victoire de l’agriculture. Et ensuite se demande M. Sy, «est-il souhaitable que les pays qui mettent 52% de leurs recettes budgétaires dans l’achat de carburant, puissent continuer à le faire. C’est une option sans issue. Pour l’avenir des biocarburants, il faut intéresser les industriels, les agriculteurs et les défenseurs de l’environnement. On ne peut traiter l’Afrique comme on traite le reste du monde. Car c’est le seul continent qui a suffisamment de terres, ce qui est une donnée fondamentale».

Pour Macoumba Diouf, directeur général de l’Isra, «on doit mettre l’accent sur les biocarburants, parce que ce sont des atouts économiques, écologiques et environnementaux. Au Sénégal, on parle de jatropha qui permet de lutter contre la désertification, le biodiesel pollue moins. Si on développe le biodiesel, on règle les problèmes énergétiques du Sénégal qui a besoin de 550 millions de litres de gasoil par an. Il faut faire la promotion des biodiesel».

La jatropha était connu au niveau sauvage et ne faisait l’objet d’aucune exploitation. Ce n’est plus le cas. Il affirme que «le cadre qu’offrira la Goana va permettre de développer l’eau et les terres. C’est une spéculation économique dans notre système. Elle n’est pas une menace aujourd’hui. L’Afrique a plusieurs marges de progression en termes de terres disponibles. Et il ne se pose pas une dualité entre la culture de la jatropha et la culture alimentaire».
Auteur: Safiètou KANE
LeQuotidien : Samedi 10 Mai 2008

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire