samedi 14 mars 2009

L'aide publique au développement


Le journal officiel de l’intelligentsia, Le Monde, contient beaucoup d‘informations que l’on ne trouve pas ailleurs dans la presse française. Mais les nouvelles sont présentées d’une façon tellement biaisée que l’on frise souvent la désinformation. On devrait lire ce journal avec beaucoup de prudence, mais apparemment la prudence est souvent oubliée par la classe politique, ou les étudiants, pour lesquels ce journal est hélas « la » référence.

Voici une nouvelle preuve de désinformation : dans un article consacré à l’aide publique au développement, Le Monde déplore son insuffisance car elle a permis de sortir de très nombreux peuples de la misère. Voilà pourtant dix ans que Clinton lui-même avait croisé le fer avec Chirac sur cette question : aide ou commerce ? Les faits et la théorie le montrent : l’aide est un cadeau empoisonné, seul le commerce permet aux pays d’émerger.

104,4 milliards de dollars

Revenons au Monde. L’article en question a toutes les apparences de l’objectivité. D’ailleurs, le titre lui-même peut passer pour lucide : « L’aide au développement n’est pas adaptée aux besoins ». Mais il n’a en fait rien à voir avec le contenu… Les chiffres fournis sont nombreux et précis, avec des sources fiables, comme l’OCDE. Il s’agit de l’aide publique au développement, apportée par les 22 membres de CAD (Comité d’aide au développement) de l’OCDE. En tout, 104,4 milliards de dollars, soit 71,2 milliards d’euros (en 2006).

L’article s’appuie sur un rapport de l’OCDE de 2007 et fournit les chiffres de 2006. Cette aide publique atteint en moyenne 0,33% du revenu national brut, alors que l’objectif du millénaire pour le développement demandait de la porter à 0,7%. Bien entendu, cet objectif est arbitraire, mais il permet de dire que l’effort est insuffisant.

Peu de pays atteignent ou dépassent ces 0,7%, essentiellement les pays nordiques, Suède en tête (1,02%), puis Norvège (0,89%). Le pourcentage le plus faible est celui des Etats-Unis, avec 0,18%, mais Le Monde reconnaît que les « Etats-Unis sont bien les plus généreux en chiffre absolu », avec 23,53 milliards, le quart de l’aide mondiale. La France est à peine au dessus de la moyenne. Sur tous ces points, nous suivrons volontiers ce journal.

La pauvreté recule, en dépit de l’aide publique

La où les choses se gâtent à nos yeux, c’est lorsqu’on revient au début de l’article. Les 104,4 milliards de dollars d’aide publique « ont amélioré les conditions de vie des populations les plus pauvres ». La preuve ? « Le pourcentage des personnes vivant avec moins de un dollar par jour a baissé, passant de 29,6% de la population mondiale en 1990, à 19,4% en 2004. Le taux de scolarisation dans le primaire est passé, dans le même temps, de 79% à 86%. Le nombre de décès imputables à la rougeole est revenu de 757 000 en 2000 à 242 000 en 2006, soit un recul de 68% et même de 91% pour l’Afrique subsaharienne seule ».

Tout cela n’est pas discutable et on peut s’en féliciter. Mais Le Monde confond corrélation et causalité. Il se trouve que la pauvreté recule et que l’aide publique existe, mais il n’y a aucun lien entre les deux : la pauvreté recule dans les pays qui se sont ouverts au commerce, mais pas du tout dans les pays qui ont « bénéficié » de l’aide publique.

Parmi les pays qui se sont arrachés à la misère de façon significative, aucun n’a été protectionniste, et aucun n’a reçu d’aide internationale : Inde, Chine, bien sûr, mais aussi la Thaïlande, le Salvador, le Costa Rica, le Botswana, l’île Maurice, et de manière générale la moitié des 50 pays à la croissance la plus rapide. Quant à l’aide de l’OCDE, elle n’a malheureusement pas changé grand-chose en Afrique équatoriale et dans l’Est africain. Le Zimbabwe et Madagascar sont des modèles d’argent public dilapidé par les gouvernements destinataires. La Libye, l’Algérie et la Russie ne vivent que de leurs rentes.

On sait depuis au moins trente ans, avec les premières études du FMI (qui ont d’ailleurs modifié sa politique) que l’aide publique a été inefficace, sauf pour enrichir une partie de la nomenklatura locale : la population, pour sa part, n’en a pas vu la couleur.

Il est bien vrai, Le Monde a raison, que la pauvreté recule. Une partie du recul de la pauvreté s’explique bien par une aide, mais c’est l’aide privée, décentralisée, qui atteint son but en général sans pertes bureaucratiques et qui est ciblée : l’aide des églises, des fondations, des organismes caritatifs, des clubs services, des ONG. Le Figaro, sur le même sujet, note par exemple que « les fondations montent en puissance ». C’est une aide de réseaux, ou d’un groupe à un autre : on participe à un projet précis, pas à un vaste ensemble bureaucratique et politique. Mais Le Monde ne peut s’empêcher de donner un coup de patte aux aides privées des fondations, qui ne correspondent pas « aux priorités des gouvernements des Etats destinataires ». Peut-être, mais elles correspondent aux priorités de la population, ce qui est plus important qu’à celle des dictateurs.

Le développement va du bas vers le haut

Ensuite, le recul de la pauvreté vient des conditions internes du développement : c’est le cas du microcrédit, comme le pratique Muhammad YUNUS, qui repose sur les initiatives locales et le secteur privé. « Le développement va du bas vers le haut, et non l’inverse ».

Ce dont les peuples pauvres ont besoin, c’est de voir libérer l’énergie, la volonté de progrès, la créativité inscrites dans l’esprit et le cœur de toute personne humaine. Ils ont besoin d’un environnement institutionnel propice à la libre entreprise et au libre échange. Là où les libertés, notamment économiques, sont bafouées, la pauvreté progresse ; là où les libertés se développent, où l’Etat, ses impôts, ses dépenses, ses entreprises publiques reculent, où le secteur privé se développe, la pauvreté recule. Le rapport annuel sur les indices de liberté économique vient de paraître, nous en ferons l’analyse prochainement. Il classe parmi les derniers la Corée du Nord, Cuba, la République du Congo, l’Iran et l’Angola.

A la misère et à la ruine économique s’ajoutent les dictatures. Par contraste c’est la liberté qui chasse la pauvreté. Le Monde, aveuglé par l’idéologie tiers-mondiste et marxiste, continue à nier les évidences tant humaines que statistiques : mais ne survit-il pas lui-même grâce à l’aide publique ?



Le 4 mars 2008

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